Eh oui ! Et c’est Goscinny lui-même qui le dit, ou presque… René Goscinny a effectivement passé sa jeunesse (de 1928 à 1945) dans la capitale argentine, où circulaient alors les fameuses histoires de « Patoruzú », un irrésistible Patagonien-Américain Tehuelche résistant non pas aux Romains, mais aux colons européens.

Un personnage à la force surhumaine qui s’allie à un gros mangeur, une maman qui prépare également un bouillon dopés aux stéroïdes en guise de potion magique, un barde qui amuse la galerie… la comparaison est telle qu’elle prohibe l’usage d’ « inspiration », et c’est bien le terme d’adaptation qui s’impose. D’ailleurs, nous aurions pu écrire « plagiat » en titre, mais l’art se nourrit de l’art…
En effet, la comparaison n’est absolument pas tirée par les cheveux, jugez-en par vous-mêmes.
Loin d’être aussi sage et calme que le bon Panoramix et plus proche de Popeye et de sa pipe, la Chacha est la mère adoptive de Patoruzú. Elle prépare un bouillon prodiguant une force titanesque à ceux qui le boivent, à partir du la moelle de l’os du dieu taureau égyptien, Apis.
La bande dessinée Patoruzú est publiée pour la première fois En 1928, par Dante Quinterno, alors que le scénariste Goscinny vient d’arriver à Buenos Aires avec ses parents. Quand en 1936 Patoruzú obtient sa propre revue, Goscinny à 8 ans : il est le lectorat cible !

Enfin, voici Upa, l’ami pansu du héros ! Comme « Obé », le colosse Upa est légèrement simplet. Pas sa faute ! il a vécu toute son enfance dans une grotte dont il avait l’interdiction de sortir.
Notez au passage les gros nez que récupèrent les personnages d’Uderzo.


Mais le personnage le plus argentin est bien le bon vivant Obélix !
Tout le monde a en tête son pantalon aux rayures bleu clair et blanches, non ? Eh bien ceci pourrait être un hommage à l’Argentine dont le drapeau est justement bleu ciel et blanc (les joueurs du Mondial arborent d’ailleurs ce même style obelisquesque), mais également car « Goscinny était supporter du Racing Club d’Avellaneda, club de foot de Buenos Aires jouant avec un maillot arborant les mêmes rayures verticales et qui était au sommet de sa gloire lorsque Goscinny vivait en Argentine. » affirme L’AFP.
D’ailleurs, savez-vous comment s’appelle le monument central de la capitale argentine ? L’obélisque …


Notons par ailleurs que les deux personnages principaux, en plus de leur colossal acolyte, sont tous les deux accompagnés d’un animal totem : Astérix a Idefix et Patoruzú a son cheval Pampero.
Cependant, il ne vous échappera pas que l’illustration de gauche présente un chien bien similaire à notre Idéfix gaulois. Ci-dessous, la jolie blonde n’est pas sans rappeler Falbala.

En réalité Goscinny n’a jamais vraiment admis ce rapprochement avec la BD argentine que personne, en Europe, ne connaissait alors (ce qui est toujours le cas). Il n’a toutefois pas nié l’influence que ses dix-sept premières années argentines eurent sur ses idées postérieures. •

Pour citer cet article : https://museumtales.com/2022/11/23/asterix-est-ladaptation-belge-dune-bd-argentine