La Şakirin camii apparait dans le paysage turque en 2009 et elle a pour architecte « Zeynep Fadilioğlu ».
Située dans l’Istanbul moins touristique, elle est la seule mosquée turque construite selon des plans pensés par une femme.
Zeynep Fadilioğlu est certes la conceptrice et designer de l’architecte chargé de la réalisation Hüsrev Tayla. Mais elle n’en reste pas moins le cerveau principal derrière la modification de taille dont témoigne le plan de cette mosquée. Aussi son équipe était à majorité féminine.
Traditionnellement, les femmes ne sont pas autorisées à pénétrer le cœur de prière, l’espace situé devant le Mihrab et le Minbar (équivalents musulmans de l’autel chrétien). Comme à l’Agia Sofia, par exemple, elles sont toujours tenues à distance et leur espace de prière se cantonne à des salles latérales ne bénéficiant jamais du grandiose du reste de la mosquée.
À la Şakirin camii (camii signifiant mosquée en turc) Zeynep Fadilioğlu a décidé qu’il en serait autrement !
C’est pourquoi, si l’espace central face aux Mihrab et Minbar est encore bien réservé aux hommes, les femmes ne sont pas reléguées loin derrière ou cantonnées à une salle latérale, mais dominent la scène !
Deux escaliers mènent à une mezzanine supérieure réservée aux femmes. Depuis le balcon de cet espace ouvert et lumineux, les femmes profitent de la meilleure vue sur l’ensemble architectural et sur les jeux de lumières qui se dessinent au sol.
Lors de son inauguration en 2009, Le Monde écrivait que « des lettres de femmes musulmanes lui parviennent déjà de toute la Turquie, saluant cette entreprise. »
C’est une très riche fratrie Sakir, turco-saoudienne, qui est à l’origine de la commande dédiée tant à leurs parents qu’à leur amour pour la ville d’Istanbul.
Issue de l’aristocratie laïque d’Istanbul, Zeynep Fadillioglu «admet avoir pleuré quand on lui a confié le projet d’une mosquée. »
Elle a depuis conçu deux autres mosquées au Qatar (Doha), la Golden Mosk et la Friday Mosk.
« Nous souhaitions quelque chose de contemporain, sans être pour autant trop audacieux et sans être rejetés par le public », résumait-elle pour Le Monde. Il est interessant de voir que ce rapprochement des femmes de l’espace de prière n’est donc pas perçu comme un choc.
J’ai demandé à un imam, il m’a dit : « Pourquoi pas ? » « L’administration des affaires religieuses soutient le projet », et « le mufti d’Istanbul a beaucoup apprécié », assure la décoratrice, qui avoue avoir eu « un peu peur pour le mihrab ». L’imam calligraphe qui a été consulté reconnaît avoir été surpris de voir débarquer « une décoratrice de la jet-set », mais estime qu’« aucun musulman ne peut critiquer ce projet ».
Zeynep Fadillioglu x Le Monde
Parfois, il suffit d’un petit changement structurel pour que des centaines de mentalités s’habituent aux progrès des consciences ! •
Pour citer cet article : « la première mosquée faite par une femme… » ©MuseumTales/2024 | https://museumtales.com/2024/mosquee-faite-par-une-femme/
Pour aller plus loin :
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