Revue de presse art et société proposée par Museum Tales pour toujours plus de contenu culturel, en toute détente.
La Sape congolaise, ça vous dit quelque chose ?
Et même si vous connaissez déjà bien la Société des ambianceurs et des personnes élégantes (S.A.P.E), jetez un coup d’œil à l’article de Courrier International qui se fait le relai du texte du photographe Tariq Zaidi lorsqu’il s’en alla documenter cette mode à sa source, les capitales Kinshasa (Congo) et Brazzaville (RDC).

Francis Mbéré tape la pose dans son quartier de Brazzaville, République du Congo. ©Hélène Caux
Cet article d’Africa News relate quant à lui la demande des Sapeurs de faire entrer cet ensemble coutumier au sein du patrimoine mondial immatériel de l’humanité, protégé par l’UNESCO :
« Conscient du long processus qu’implique l’inscription d’une œuvre au patrimoine immatériel de l’humanité, les sapeurs appellent les autorités des deux Congo à plus de promotions de cet art pour une meilleure représentativité des marques africaines » (Cédric Lyonnel Sehossolo)
Quand la propagande s’en mêle, United-States version.
De l’implication du gouvernement étasunien et de son bras armé, la C.I.A, dans l’art contemporain

Une implication majeure qui n’a rien de la conspiration, mais bien d’une manœuvre à demi avouée et relativement commune aux Etats-Unis pour écraser leurs opposants culturels (ici, l’URSS).
Cette instrumentalisation d’artistes de l’Abstract-Expressionism (dont Jackson Pollock, Twombly, Rothko et Rauschenberg) fut en grande partie à leur insu, mais qu’importe, puisqu’il s’agit d’imposer les E.U comme leaders mondiaux en tout, quitte à violer les principes démocratiques et de transparence dont ils se font si ironiquement les apôtres modernes.
En lisant les chiffres et les ordres passés, on découvre de fonds colossaux et des invectives à créer telle ou telle exposition, avec tel ou tel artiste pour tête d’affiche. On comprend alors que la main-mise de la C.I.A va bien au-delà du « mécénat » et que l’Art est une matière malléable à souhait, produit de Soft Power comme un autre.
Pour servir l’hégémonie des E.U, notamment sur la création européenne qui est relativement moins orchestrée, les gouvernements successifs de la Guerre Froide choisirent leurs champions parmi les nouveaux artistes en vogue et en firent les représentants d’une idéologique qu’ils percevaient comme diamétralement opposée à celle de l’URSS et de son social-réalisme, et qui serait la port-étendard mondiale de l’image que les Etats-Unis ont d’eux-mêmes. On apprend par exemple que, plus qu’un style, une touche ou un concept spécifique et riche, l’artiste Pollock possède surtout, aux yeux intéressés de la C.I.A, un nom qui ne renvoie à aucune immigration récente et conforte la fomentation de l’apparition « d’un style proprement américain ».
À partir de quoi voici qu’on intime à des critiques d’écrire des articles positifs (Clement Greenbeg), à des galeristes renommé en Europe de choisir soigneusement ses nouvelles têtes (Léo Castelli), et aux curators du MoMA à revoir leurs plans et à programmer une exposition intitulée « The New American Painting » qui, à coup de marketing, imposa un « courant » qui n’en était pas un (pas organisé, en tout cas) sur la scène internationale, et projeta les Etats-Unis en haut de l’affiche, et « vola à Paris l’idée d’art moderne » selon l’expression de Serge Guilbau. Well done (C.I.A) guys ! •
Documentaires France 3 La face cachée de l’art américain | Quand la CIA infiltrait la culture
Articles :
MediaPart | La guerre froide culturelle : les intellectuels au service de la CIA
BBC | Was modern art a weapon of the CIA ?
ActuaLitté | Jackson Pollock et la CIA : de l’art au service du maccarthysme…
Livres :
- Pollock Confidential », Onofrio Catacchio, éd. Chêne, 2020. (BD !)
- Nouvelle géopolitique de l’art contemporain, Aude de Kerros, éd. Eyrolles, 2019.
- Qui mène la danse ? La CIA et la Guerre froide culturelle, 2003, Frances Stonor Saunders
Une défunte de 900 ans inhumée dans un canoë en Argentine
Jolie introduction à la culture des Mapuche, ces « indiens » argentins
L’article de Géo Histoire relate >ICI< que des archéologues mirent au jour les restes d’une jeune femme morte il y a près de 900 ans et inhumée dans une structure en bois symbolisant un canoë permettant le voyage à jusqu’à sa dernière demeure.•

La Fontaine de Duchamp, n’est pas de Duchamp !
Rendre à Elsa ce qui appartient à Elsa
> Cet article de SLATE propose de rétablir la vérité quand à l’artiste qui serait réellement à l’initiative du fameux urinoir « de« Duchamp.
En fait de l’artiste français, l’idée du Ready Made serait celle de l’une de ses amies, la casse-coup dadaïstes la plus connue du New York d’avant guerre (1900-1920), la baronne allemande Elsa von Freytag-Loringhoven.
Turbulente, elle collectionne les provocations sur la voie publique et doit plusieurs fois fuir la police new-yorkaise à Philadelphie où n’a jamais été Duchamp et d’où vient pourtant notre Fontaine. Et oui, parmi les multiples preuves que l’article avance, se trouve notamment la provenance de l’urinoir, commandé dans un magasin coutumier des demandes extravagantes de la baronne, mais dans lequel Duchamp n’a jamais mis les pieds (et tandis qu’il prétendait se l’être procuré à New York).
Aussi, dans la correspondance que Duchamp entretint avec sa soeur il écrit «Une de mes amies sous un pseudonyme masculin, Richard Mutt, avait envoyé une pissotière en porcelaine comme sculpture… Le comité a décidé de refuser d’exposer cette chose… C’est un potin qui aura sa valeur dans New York.»
Enfin, « R. Mutt » signifie pauvreté en allemand, la langue maternelle de l’adepte des sobriquets saugrenus qu’était Elsa von Freytag-Loringhoven ! •

Sakhaline, l’insolite culture nivkhe, entre Russie et Japon
> Documentaire ARTE découverte Sur l’île de Sakhaline, à l’extrémité orientale de la Russie, Tania et sa mère Efrosinia font tout ce qu’elles peuvent pour maintenir vivant le patrimoine culturel et linguistique du peuple nivkhe, qui sombre peu à peu dans l’oubli. [Par Galina Breitkreuz, 2018]

La Chine tente de censurer la France
Initialement prévue pour 2020, l’exposition a été reportée et a finalement ouvert ses portes en octobre 2023. En cause ? La Chine et le Parti Communiste qui tente depuis son instauration de réécrire l’histoire du pays et son récit national. Mais pourquoi vouloir faire disparaître les termes « Gengis Khan », « empire mongol » et « Mongolie intérieure » (en plus du contrôle des cartes et des synopsis) ? Car les descendants de cet empire à tendance musulmane sont notamment les ouïgours, peuple que le PC chinois souhaite voir disparaître à coup d’incorporation forcée à l’idéologie du Parti et aux traditions « chinoises » validées par l’histoire officielle. La glorification de l’ancêtre fameux de cette ethnie comme étant l’un des grands empereurs de la Chine moderne renforce la légitimité des ouïgours sur les terres qu’ils habitent et dérange ainsi fortement la tentative d’annihilation dont ils souffrent de la part du PC chinois. Dans l’exposition de 2023 il était tout de même possible de voir des rouleaux six fois centenaires écrits dans une langue toujours utilisée par les ouïgours actuels.
> Site du Château des Ducs de Bretagne (Nantes)
>> Article de Connaissance des Arts : Pour aller plus loin. [Par Iseult Cahen-Patron, le 14 oct. 20.]

L’origine de l’écriture VS l’Élamite
> Article de Sciences et Avenir qui montre comment le tout récent déchiffrement de l’élamite par le Français François Desset, cette écriture utilisée en Iran il y a 4.400 ans, remet en cause l’origine mésopotamienne de l’écriture ! [Par Bernardette Arnaud, le 7 dec. 20.]

*SSA
Abonnez-vous à Museum Tales
Recevez directement le nouveau contenu dans votre boîte de réception.
