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Il ne paraît pas être grand-chose d’autre qu’un agréable monument à visiter lors d’un passage à Mexico, et pourtant ! En plus de pierres, d’or, de marbre et de fer, cet « Ange » (qui n’en est pas un) est composé d’une incroyable richesse symbolique, historique, politique, sociale et paradoxale … que cela soit taillé dans ses pierres, enterré à ses pieds, caché dans ses recoins, ou tagué sur ses parois par des militantes féministes.
Je pensais dédier trois paragraphes à cet étonnant édifice et voilà que vous est ici présenté l’un des articles les plus complets de la quinzaine de Tales écrits jusqu’ici pour Museum Tales.
NB. Les paragraphes colorés sont des bonus que vous êtes libre de « sécher » sans perdre d’informations clefs relatives au monument !
Commençons. Cette colonne monumentale de 45 mètres de haut (environ 15 étages) est communément appelée l’Ange de Mexico ou l’Ange de l’Indépendance.

Un détail toutefois, il ne s’agit pas là d’un ange, mais d’une niké ! Si ce terme ne vous est pas étranger, c’est car il désigne ces déesses grecques symbolisant la victoire et, oui, elles sont bien dotées d’une paire d’ailes à la manière des anges.
L’exemple le plus connu est la très fameuse Victoire de Samothrace, cette niké qui veille sur l’un des escaliers principaux du Musée du Louvre depuis plus d’un siècle. Ces figures ornaient la proue des bateaux hellènes s’en allant en guerre.
En passant : le concept de la « Niké », qui signifie « victoire » en grec ancien, est bien à l’origine de l’identité visuelle de la marque Nike qui en plus du mot antique, emprunte le V, non pas de « victory », mais de la forme que dessine la paire d’ailes d’une Niké.

Une sacrée déesse. C’est le sculpteur franco-italien Enrique Alciati qui est à l’origine de notre Victoire prête à s’envoler. Elle est faite de bronze recouvert d’une cape d’or, et mesure environ 7 mètres de haut pour un poids non inférieur à 7 tonnes !
Placée sur l’avenue la plus grande de Mexico, la déesse ailée fait face au centre de la ville. L’une de ses mains présente un rameau de laurier, symbole antique de la victoire, tandis que dans l’autre se trouve une chaîne aux maillons rompus, symbole du joug espagnol. Le message est clair : conquête de la liberté.

Le modèle. Une star de l’époque, une femme de l’histoire mexicaine, une jeune beauté sélectionnée parmi des milliers ? Rien de tout ceci, mais plutôt María Mazadiego Fernández, la secrétaire de Don Porfirio Díaz, le (sept fois) président du Mexique, alors en poste. La beauté féminine n’est jamais loin !
Peut-être refusant une telle banalité, il est souvent dit, (à tort!) que la déesse emprunte ses traits à la fille de l’architecte du monument, Antonio Mercado. Toutefois, Alicia Mercado posa bien pour son père : cette dernière servit de modèle pour le médaillon central ornant une des portes du mausolée, elle y représente la République mexicaine. Et c’est tout. D’autres encore dirigent les soupçons vers la seconde fille de Mercado, Antonietta… Mais celle-ci étant née en 1900, nous allons voir qu’au regard des dates de construction, elle était bien trop jeune !
Construction
Deux Mexicains et un Italien. Antonio Rivas Mercado architecte mexicain (1853-1927) est l’auteur du projet, l’ingénieur Roberto Gayol fut le maître d’œuvre et notre artiste franco-italien, Enrique Alciati, se chargea des groupes sculptés et de la niké.

Le 2 janvier 1902 est posée la première pierre de la construction, après un aménagement du sol le rendant apte à recevoir la colonne. Une des pierres renferme encore à ce jour un coffret d’or contenant l’acte original de l’indépendance et de la monnaie d’or de l’époque.
Le chantier va bon train en janvier 1906 et déjà parle-t-on de l’inauguration…mais, problème, la cimentation de la base et du sol ne semble pas bien supporter les quelques 2 400 blocs de pierre qu’on lui a posés sur le dos. Résultat, la colonne mexicaine commence à se prendre pour la tour de Pise.
Conséquence du résultat, ou résultat de la conséquence : on démolit tout et on recommence. Les pauvres voisins de l’avenue ressortent leurs bouchons d’oreilles et somnifères (on travaille même la nuit à Mexico!), et ceci jusqu’en septembre 1910 quand, enfin, le monument fut inauguré.
Coup de bol, 1910 ne tombe pas si mal et coïncide avec le début de la lutte pour l’indépendance mexicaine.
Le bel objet
Au pied de la colonne trônent les déesses grecques de la Loi (Eunomia), de la Justice (Némésis), de la Guerre (Atenea) et de la Paix (Irène). Toutes de bronze, elles furent coulées à Florence.

Toujours au pied, un enfant guide un lion, imposant, mais placide. Le couple de bronze renvoie à la maxime « fort en temps de guerre et docile en temps de paix ».
Juste derrière eux, sur le piédestal, une plaque de marbre blanc porte l’inscription suivante : « La Nation aux Héros de l’Indépendance ».
Au-dessus, sur la première hauteur de la base, les couronnent cinq des héros de la lutte pour l’indépendance (don Miguel Hidalgo y Costilla, don José María Morelos y Pavón, don Vicente Guerrero, don Francisco Javier Mina et don Nicolás Bravo). Sculptés dans du marbre de carrare, les Dons ne rigolent pas beaucoup avec leur mine bien sérieuse.

L’un d’entre eux (Miguel Hidalgo) fut rendu éternel accompagné de deux femmes symbolisant, à sa droite l’Histoire, et à sa gauche la Patrie lui tendant un rameau de laurier (autre iconographie issue de l’antiquité).
La colonne désormais : sa structure est d’acier recouvert de pierres provenant de la carrière de Chiluca. Elles offrent des bas-reliefs de feuilles de palmiers et de guirlandes supports aux noms de 8 autres héros indépendantistes.

Saut. En juillet 1957, la déesse fit un véritable saut de l’ange… et perdit la tête ! Ceci du fait d’un vilain séisme de magnitude 7,9. La reconstruction à l’identique de sa divine tête en 1958, fut l’occasion bienvenue d’une première restauration. S’en suivirent trois autres, dont celle de 2006 durant laquelle la déesse reçut une nouvelle couche d’or 24 carats.

Et dedans ? Un escalier de métal de 200 marches vous permet de grimper jusqu’à la base de la déesse. Ça ne fait pas de mal en période de diète enchiladas / tacos / burritos / Mole Poblano. L’original était en pierre et comptait 159 marches ; et c’est pour le manque d’effort d’en faire une 160e qu’il fut remplacé par un ouvrage ayant un nombre de marches pair, respectant ainsi les visiteurs aux tendances maniaques. Non, cela est faux. Je présume. Il fut remplacé selon un unique souci de modernité.
Mausolée. Depuis 1923, le piédestal de l’« Ange » se convertit en un mausolée dédié aux restes des héros de la lutte indépendantiste. Ainsi y reposent Miguel Hidalgo, Ignacio Allende, José María Morelos, Mariano Matamoros et Vicente Guerrero.

Orgueil et fierté. En plus de l’image dont le monument est porteur, les Mexicains mirent un point d’honneur à ne recourir à aucune aide extérieure afin de mener à bien le projet, manifestant ainsi leur autonomie véritable. Les membres de la construction sont tous Mexicains ou résidents mexicains (tel l’était le sculpteur Alciati) et les fonds provinrent strictement des caisses mexicaines.
La République avant tout. Et on ne rigole pas avec l’indépendance au Mexique. C’est le gouvernement de la ville, mandaté par la République elle-même qui se charge de concevoir et de réaliser les visites guidées du monument.
L’Ange prend de la hauteur. Mexico est construite sur un lac et le terrain marécageux entraîne un affaissement global de la ville de quelques centimètres chaque année. Cependant notre « Ange » est épargné grâce aux 25 mètres de ciment creusés sur sa plateforme et qui lui permettent de se maintenir alors que ses alentours directs s’enfoncent. De cette manière, le monument gagna en hauteur depuis sa construction. À tel point que depuis 1986, 17 marches supplémentaires furent ajoutées à son estrade afin de pallier les 3 mètres qui la sépare du reste du quartier. La hauteur totale de la construction s’élève donc aujourd’hui à 94,66 mètres.

Deux icônes pour le prix d’une. Notons qu’un autre symbole fort du Mexique orne la perspective du monument de l’indépendance et vient compléter son paysage : la Torre Mayor (la Tour Majeure) qui avec ses 55 étages et ses 225 mètres de haut est le building le plus haut d’Amérique latine.
Avec son inauguration en 2003, après seulement 6 ans de construction (contre les 9 années nécessaires pour notre déesse), le Mexique souligne aux yeux du monde entier son savoir technologique et sa puissance économique.
Il est incroyable de pouvoir aujourd’hui admirer ces deux icônes mexicaines en un clin d’oeil ; les deux comptent à elles seules l’histoire complète du pays, ses orientations et ses influences puisque la Victoire raconte les ascendances européennes et l’identité autochtone autonome tandis que le building témoigne du regard nouveau jeté, non plus vers le vieux continent, mais vers les États-Unis, nouveau modèle architectural et économique à suivre.
Où sont les femmes ? La seule qui eut l’honneur d’intégrer ce sacro-saint républicain se prénomme Leona Vicario, qui, avec Andrés Quintana Roo, formait le seul couple des têtes de l’indépendance. Une autre grande héroïne du mouvement, Josefa Ortiz de Domínguez, est quant à elle enterrée dans la ville de Querétaro dans laquelle elle exerça un rôle de dissidence clef.
Des combattants en moins ? De nombreux Mexicains continuent de se demander pourquoi des figures clefs de la lutte indépendantiste telles qu’Ignacio Allende, Juan Aldama, Mariano Matamoros ou Hermenegildo Galeana ne bénéficient pas, eux aussi, d’une statue sur le monument, ou d’une nomination sur la colonne… Un projet déjà ambitieux ne pouvant donner une place à chacun en serait la cause ? L’hypothèse ne tient pas quand on constate que quelques petites inscriptions supplémentaires sur les 20 mètres de colonne vierge auraient suffi…
>>> Une autre question me turlupine que je souhaite partager avec vous : pourquoi choisir un symbole antique, renvoyant à la civilisation européenne et donc aux oppresseurs dont on souhaite pourtant manifester sa séparation nette, plutôt qu’un symbole plus proprement mexicain ? Là où certains y voient justement l’image de l’alliance latino-européenne dont ils sont le fruit, d’autres citoyens mexicains refusent que leur Indépendance soit représentée par cette icône à la terrible ironie. Et vous, qu’en pensez-vous ?
À suivre : pourquoi Zorro possède secrètement sa statue au sein de ce monument et comment cette Niké s’est-elle faite militante féministe. Continuer à lire ? ⤵
Un roi en trop ? Où l’on apprend que Zorro est un Irlandais, roi du Mexique.

Attention : plusieurs sources affirment qu’il s’agirait de notre Irlandais quand pour autant le musée possesseur du tableau ne le mentionne nulle part. Cela importe en ce que l’on note au passage l’anomalie suivante : le musée date l’œuvre des alentours de 1620, quand le « jeune » capitaine aurait alors 9 ans… effectivement très jeune. Ou donc le musée se trompe et il s’agirait d’augmenter la datation aux alentours de 1630. Ou alors, ce n’est pas Guillén.
En plus du mausolée, le monument dissimule une étrange statue dédiée au tout aussi étrange personnage de Guillén Lombardo (né William Lamport, 1611-1659). L’histoire qui suit pourrait faire l’objet d’un « tales » à part entière tant elle est mystérieuse, étrange, triste et héroïque à la fois.
Le jeune Irlandais, bien né, abreuvé depuis tout jeune de contes d’aventures prenant place au sein du Nouveau Monde, agile avec le sabre et l’épée, et pas trop moche ni simplet, se rendit en Nouvelle Espagne en 1643 après avoir bien bataillé en Europe et gravi les échelons à la cour du roi d’Espagne. Il se dit le fils du Roi d’Espagne, Felippe III (gros mensonge) et s’autoproclama Roi du Mexique, dont il en déclara l’indépendance dans la foulée. L’Inquisition vaguement préoccupée par l’extravagant le destitua vite fait et voilà que William/Guillén disparut dans les geôles de la chrétienté. William n’était pas un sombre illuminé, mais plutôt un jeune européen nourri aux histoires de cape et d’épée, qui a tenté de vivre son rêve d’enfant sur les terres américaines.
Voici l’un des plus vieux exemples d’American Dream, en somme.
Toutefois, l’histoire ne s’arrête pas là.
Le grand Rubens aurait tiré de lui un portrait : Le jeune capitaine (au Timken Museum of Art de San Diego, Californie), où nous le voyons « bien Irlandais » de physionomie. C’est-à-dire à la tignasse rousse et fournie de boucles, les yeux et le teint clairs, de petite stature, plus proche du poupon que de l’Hidalgo latin. Pourquoi faire la remarque ? Car certaines sources avancent que vous avez devant les yeux l’inspiration du justicier masqué Zorro ! Eh oui, tout de suite ses origines et son apparence irlandaises font un peu tache.
1643, Guillén Lombardo est envoyé au Mexique afin de jouer les espions et renseigner la couronne espagnole des liens possibles à établir sur place afin de fomenter des rébellions au Portugal. En chemin, passionné par les épopées ainsi que par ce continent nouvellement découvert, il se surnomma lui-même « el Zorro » (le Renard).
Beau, jeune, invincible en duel, il visita de nombreuses dames de la bonne société du Mexique colonial et se fit quelques ennemis puissants parmi les maris cocus. C’est notamment pour cette raison que l’Inquisition l’interrompit (une première fois) dans sa fulgurante ascension. Derrière les barreaux il entreprit de créer un mouvement indépendantiste constitué d’autochtones et d’esclaves noirs. En 1650, William s’échappa de prison et ne perdit pas une minute avant de lever une armée indigène indépendantiste. L’idée était bonne, mais les moyens limités. Il retourna rapidement en prison où il fut condamné à mort à la manière dont la statue présente dans la colonne de notre Niké (on y revient!) l’illustre : pieds et mains liés sur un bûcher. L’Europe l’oublia vite, mais pas les populations indigènes de la région de Mexico. Sa vaillante rébellion contre les conquistadors et en faveur des opprimés se répandit au travers de tout le monde colonial et plusieurs révoltes et rébellions portèrent plus tard son nom !
Presque 200 ans après les faits, en 1872, l’écrivain mexicain Vicente Riva Palacio, à qui les histoires de mousquetaires de Dumas n’avaient pas échappé, s’inspira de la vie de Guillén pour sa nouvelle « Memorias de un impostor. Don Guillén de Lampart, rey de México ». La faisant relativement courte, Riva Palacio, par un recours à des thèmes cabalistiques et ésotériques, attribua la lettre « Z » à la fine épée révolutionnaire et érudite, qu’il convertit en véritable justicier éclairé de romantisme et de conscience sociale.
En 1919 ensuite, Johnston McCulley, un journaliste new-yorkais (peut-être d’origine irlandaise), écrivit « The curse of Capistrano » un roman « pulp » inspiré cette fois-ci de la vie de Riva Palacio. Sous sa plume, Guillén de Lampart se transforma en… le bien connu Diego de la Vega, et le Z de « ziza » (terme hébreu aux connotations cabales), devint sa signature de guerre. Zorro était presque né !
En 1920 enfin, Douglas Fairbanks rédigea un scénario basé sur le livre du journaliste new-yorkais et transforma quelque peu Diego de la Vega alias Guillén en un Robin des Bois latino. Le nom du film : The Mask of Zorro !
De cette manière, aux airs de Barry Lindon, favorisée par l’imagination d’écrivains et le Roman national que les patries aiment à se créer, William Lamport, né en 1615 dans un petit port irlandais, devint l’objet de la célébrité la plus paradoxale qui soit : être mondialement connu avec une autre nationalité, un autre nom, une autre tête, et une autre histoire.
Certains affirment aujourd’hui que la réalisation de cette statue et son placement dans le monument de l’indépendance mexicaine à Mexico, serait le fruit d’une erreur. En effet, pourquoi donc prendre la peine de présenter ce lointain Irlandais, alors même que des figures clefs de l’Indépendance sont gracieusement « oubliées ».
Afin de remédier à son étrange présence, on plaça l’œuvre dans un lieu que très peu de visiteurs ont l’occasion de visiter.
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Féminisme — Monument propre, peuple muet ?

La Samothrace mexicaine s’est au fil des années instaurée comme le point de convergence physique des luttes actuelles au sein de la ville de Mexico : de nombreuses parades, manifestions, marches ou défilés partent ou se terminent à son pied.
Néanmoins, une manifestation la prit plus directement à partie : la marche féministe du 16 août 2019. Les manifestantes se réunirent à la fin de l’été 2019 pour protester contre les violences à l’encontre des femmes et au sexisme structurel en règle générale, ainsi que, plus spécifiquement, pour dénoncer plusieurs cas de viols qu’auraient commis des membres de la police mexicaine sur des jeunes femmes au cours de l’année.
Le pays connaît effectivement un très fort taux de féminicide, environ 9 femmes par jour y décèdent des suites de l’agression d’au moins un homme, et la majorité d’entre elles sont des mineures renseigne l’ONU.
Mais c’est surtout au lendemain, quand il fallut appeler les équipes de restauration que le problème prit de l’ampleur. En effet, le collectif « Restauratrices aux paillettes » soulignait à l’occasion que le monde de la restauration se compose d’environ 80 à 90% de femmes et que, même étant tout à fait contre la détérioration en général, ou de ce vandalisme en particulier, il leur parut tout aussi contre nature et impardonnable pour nombre d’entre elles d’aller aussitôt nettoyer des vérités qu’elles comprennent mieux que personne, qu’elles vivent au quotidien et qui témoignent d’un poids qu’elles portent en dehors de leurs activités de restauratrices du patrimoine. Du fait de l’apparition de ce véritable dilemme pour beaucoup de restauratrices, la ville de Mexico dut se résoudre à garder les graffitis plus longtemps que prévu. Le scandale s’amplifia.
« Nous n’encouragerons pas au vandalisme, mais on ne peut pas ignorer ce que disent les femmes en ce moment. Nous ne pouvons plus vivre au sein d’une société dont nous avons peur. Justement, au moment où nous parlions, une biologiste fut assassinée à Palenque (Chiapas). Vivre ainsi n’est pas vivre » explique l’architecte Sofía Rojas, membre du collectif de « Restauradoras Con Glitter ».
Ce collectif mentionné précédemment est formé de 410 femmes issues du monde des arts, qui demandaient alors à ce que rien ne soit effacé « tant que ne sera pas pris en compte, puis résolu, le problème de l’insécurité dont souffrent les femmes. »
Un slogan ébranla la presse « le patrimoine peut être restauré, mais les femmes violées, abusées, violentées, torturées, ne pourront jamais redevenir les mêmes. »
#NoMeCuidanMeViolan (ils ne me protègent pas, ils me violent), ou « la patrie tue », « nous voulons rester vivantes » ou encore « nous ne sommes pas des jouets », pouvait-on lire au pied de la déesse à l’air non moins décidé et victorieux ; et qui plus encore, au vu de l’expression de son visage, semble porter tous ces messages personnellement.

Si les tags et graffitis furent faits sans aucune préoccupation artistique, le résultat final n’est pas hideux et s’il dénature l’idée première du monument, il ne dénature pas son esthétisme.
Aussi ne peut-on s’empêcher de penser au proverbe italien « Muro pulito, popolo muto » soit, « murs propres, peuple muet ».
>>> La question reste ouverte et votre opinion m’importe !
Pensez-vous qu’il soit normal d’effacer ces inscriptions s’apparentant à un acte de vandalisme, car en plus cela efface le symbole de l’indépendance au profit d’un autre combat ?
Ou bien, comme l’architecte Sofía Rojas qui pense qu’« en réalité ce qui donne un sens a un bien ou a un objet est l’usage qu’en fait la société » ou encore qu’« il est important de comprendre que les monuments ou les biens culturels doivent être en contact avec la société, s’ils n’actualisent pas leurs significations, ils ne valent rien » . En bref, que les monuments sont un véhicule, un moyen et non une fin en soi et qu’ainsi donc, les revendications faisant partie de l’histoire au même titre que le monument, il est pertinent, voire important, de les laisser le temps du combat ?
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