L’Afrique de l’Ouest, l’Océanie, l’Asie du Sud et de l’Est, dont la Chine par exemple, eurent longtemps pour monnaie un petit coquillage nommé cauri. En effet, c’était là l’une des devises les plus répandues que l’Histoire relève, avant que le papier et l’or ne le détrônent. Le coquillage a étonnamment circulé à travers le monde entier par le biais des nations commerçantes de l’Ancien Monde, même sur des territoires très éloignés des sources de productions ; il a même investi quelques bourses européennes. Mais en plus de cette finalité économique, le cauri, a aussi vite acquis une valeur religieuse et d’apparat. Chose étonnante pourtant : il n’y a pas de cauris sur les plages d’Afrique de l’Ouest ! Comment le coquillage peut-il donc y être une monnaie courante ? Où le trouve-t-on alors ? Jusqu’à quand a-t-il perduré ?
Museum tales offre ici un aperçu de l’histoire de ce coquillage qui vaut de l’or.

VIEUX MOLLUSQUE FAIT BONNE ROUTE
Eh oui ! c’est un petit être vivant, un mollusque ! Mais quand il meure ou « déménage », il laisse derrière lui cette carapace qui n’est alors plus qu’un simple coquillage.
Si le cauri est devenu monnaie si unilatérale, si longtemps et sur tant de territoires, c’est car il est pratique et qu’il a les caractéristiques requises d’une devise : léger il est facile à manipuler et à transporter ; il est non-périssable ; il est instantanément identifiable et difficile à contrefaire. Et enfin il y a très peu de différences physiques entre plusieurs cauris, ce qui permet de leur donner une valeur unique à tous, mais aussi de les rendre faciles à compter et à estimer.
On doit à l’Inde la dénomination du petit coquillage : En Hindi कौडि (kaudi) depuis le Sanskrit कपर्द (kaparda). Les Anglais transformèrent ces usages en « cowri », puis les francophones enfin, en « cauri ». Dans la région d’Odisha, en Inde toujours, l’usage de la monnaie-cauri en tant que tel est attesté jusqu’au début du XIXe siècle lorsqu’en 1802, la British East India Company interdit son usage et renforça à la place la valeur de la roupie. Ce fut d’ailleurs l’une des causes de la révolte des milices armées nommées Paikas, et qui eut lieu en 1817 entre les règles et l’ordre imposés par la Company.
Mais remontons au tout début (estimé à ce jour) : des traces d’usage de cauris nous renvoient au Néolithique, en terres asiatiques, mais il n’y a toutefois pas les preuves nécessaires pour affirmer qu’ils étaient utilisés comme monnaie ou comme simples ornements.

En tant que monnaie attestée, les traces les plus anciennes sont en Chine antique (au 13e siècle av. J.-C.) ! Le coquillage, représenté gravé sur des objets en bronze, est d’ailleurs la monnaie chinoise la plus ancienne connue à ce jour. Les dynasties qui surviennent ensuite ne rompirent pas l’usage, même si d’autres moyens de paiement virent le jour par souci de nécessité. Par exemple, sous la dynastie Shang (de 1600 à 1046 av. J.-C., aussi connue comme la « dynastie commerciale »), le nord du pays, plus géographiquement pauvre en cauris, devait produire des monnaies en forme de cauris, mais faites d’autres matériaux, tels que le bronze, la pierre ou…l’or !
Mieux encore, certains empereurs chinois furent enterrés avec un cauri dans la bouche. Enfin, les mots se renvoyant à une forte valeur monétaire ou économique (tels que « monnaie », argent », « acheter »), contiennent l’idéogramme du cauri : 貝 !
Dans l’Égypte antique aussi les cauris sont présents ! Ils y étaient considérés comme magiques et servaient là-aussi de monnaie acceptée lors de transaction avec des étrangers. Les égyptologues ont trouvé des millions de cauris dans les tombes de divers pharaons.

Il s’agirait là d’un collier Viking serti de perle de verre, de trois pièces d’argent et de deux cauris, datant d’entre les IXe et XIIe siècles ap. J.-C., il fut vendu 237 dollars américains lors de la vente aux enchères TimeLine Auctions (septembre 2016) © TimeLine Auctions, Ltd. image.
Ce sont ensuite les grands empires successifs de l’Afrique de l’Ouest, celui du Ghana (du IIIe au XIIIe), celui du Mali (du XIIIe au XVe), puis celui du Songhaï (XVe et XVIe), qui utilisèrent le cauri comme devise en vigueur, parmi d’autres objets comme le raphia notamment.
L’état actuel de la recherche présume que le coquillage fut introduit en Afrique de l’Ouest lors du règne de l’empire du Ghana, vers le VIIIe siècle, par les caravanes des commerçants arabes.
Dans certains lieux, et c’est notamment le cas de certains pays d’Afrique, le coquillage ne se suffit pas à lui-même pour servir de devises. Pour cela, il doit être cassé afin qu’il puisse être enfilé sur un fil avec d’autres. Alors là, il devient monnaie.
En Afrique de l’Ouest, les cauris étaient souvent regroupés en lots de quarante puis rassemblés sur de longues cordes, ficelés en bracelets. Pour les paiements importants, les coquillages pouvaient être entassés dans des paniers et leur valeur était alors déterminée selon le poids et non selon le nombre.

Résistant donc aux invasions, aux changements d’ère, de dynastie, ou de religion, le mollusque régna tel le moyen de paiement phare pendant plus de 2600 ans donc (au regard du cas chinois), et sur au moins trois continents.
L’intensification des échanges avec l’Europe, à partir du XVe siècle, eut deux effets inverses : d’un côté, ils apportèrent la valorisation d’autres matériaux comme le fer, le bronze ou le cuivre qui devinrent aussi des moyens de paiement ; de l’autre, s’apercevant du goût des populations autochtones pour ce coquillage qui pour eux (Portugais, Français, Anglais et Néerlandais) ne représentait pas grand-chose, ils en amenèrent en masse et firent du cauri la principale monnaie d’échange dans le commerce d’esclaves et d’or.
« Des commerçants néerlandais ont constaté que les marchands africains au Dahomey [actuel Bénin], qui ne connaissaient pas le papier ou l’écriture, étaient très soupçonneux des billets à ordre, les vérifiant souvent de peur que l’écriture ne disparaisse, ce qui les laisserait avec un chiffon sans valeur. De même, les marchands européens étaient méfiants quand il s’agissait d’échanger leurs biens contre des coquillages, jusqu’à ce qu’ils s’aperçoivent que les cauris étaient largement acceptés comme monnaie à travers la région » renseignent Willie F. Page & R. Hunt Davis, Jr, 2001.

À droite : Bourse ou pot à coquillage, vers 1900. Culture Bagirmi. © Musée du quai Branly (Paris).
Néanmoins, vers le XVIIIe siècle, le cauri aurait encore été la devise de choix sur les voies commerciales ouest-africaines. C’est au cours du XXe siècle qu’il perdit son statut de monnaie.
Vers 1907, les Français finirent par interdire l’usage du cauri. Toutefois dans son article sur le sujet, Mia Sogoba renseigne que « les anciens ont résisté, refusant d’inclure la nouvelle monnaie dans leurs réserves ou de l’utiliser dans leurs cérémonies à la place du coquillage. […] D’autres pensaient simplement que le franc était une nuisance et ont rejeté les pièces et les billets. »
Effectivement, comme ce fut le cas au même moment en Inde, en 1917, avec la révolte des Paikas mentionnée plus haut, ceci eut un fort impact identitaire dépassant la simple ingérence économique d’un colonisateur sur le peuple colonisé :
« L’attachement aux cauris et le refus d’adopter la monnaie de l’homme blanc étaient une façon de défendre l’indépendance et la souveraineté qu’ils possédaient avant la conquête [coloniale]. Ils sentaient que la démonétisation des cauris était une façon de les couper d’un symbole significatif de leur passé et de leur culture, en faveur du franc, une monnaie anonyme. »
— Félix A. Iroko, 1987.

Et les cauris n’ont toujours pas perdu aujourd’hui de leur symbolique religieuse et restent pour les populations marquées par son usage, un objet très estimé qui est remis à ceux qui font l’aumône ou en offrande aux devins.
Il ne représente plus la richesse pécuniaire, en somme, mais continue de symboliser la richesse de l’âme, la bonté et la bonne étoile. Des rituels, des chamans ou des services rendus à la communauté sont encore « remercier » par le don de cauris.
Plus que sur des cordes de raphia ou de cuir, l’humble coquillage s’est tissé dans la fibre culturelle de l’Afrique de l’Ouest.

Au Ghana, la devise nationale est le cedi, le mot en langue Akan (le twi) pour « cauris ». Aussi la pièce de 20 cedis arborait-elle le petit mollusque en 1991.
Enfin, l’édifice moderne du siège social de la Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) qui se trouve au Bénin est orné… de cauris faisant non moins que la taille des fenêtres.

UNE INDUSTRIE
En Afrique, à part les côtes de l’est de continent (de Ras Hafun au Mozambique) qui peuvent en recevoir épisodiquement par les marées, les cauris ne sont pas communs. Ils sont essentiellement présents dans les eaux chaudes de l’océan indien où ils étaient collectés par les populations des îles Maldives, du Sri Lanka, de la côte indienne Malabar ou encore à Bornéo.

N’étant ni originaire des côtes chinoises ni d’Afrique de l’Ouest, mais servant pourtant aussi bien dans les rizières pékinoises que dans les marchés béninois, il a fallu, dans les îles Maldives développer sa récolte jusqu’à atteindre une échelle quasi industrielle. Notons que nous devons la première mention du cauri provenant des Maldives au voyageur perse Sulayman al Tajir, au 9e siècle de notre ère.
Les récits des premiers voyageurs sont unanimes. Toute la communauté était mise à contribution. Les femmes avaient pour tâche de tisser des nattes en feuilles de cocotier qui seraient ensuite déposées sur la mer afin de permettre aux petits mollusques de s’y accrocher. Après séchage sur la plage, seuls les coquillages subsistaient et étaient ainsi prêts à poursuivre leur existence en tant que monnaie.
Ceci est la version exotique servie aux touristes. Mais on ne tarda pas à y aller plus franco : il fallait en récolter un plus grand nombre ! Deux à trois fois par mois (selon la lune) des plongeurs, hommes et femmes, allaient directement en profondeur détacher les mollusques de leur pierre. En 1883, le voyageur H. C. P . Bell raconte qu’un homme pouvait ainsi en ramener 12.000 par jour ! Les coquillages étaient ensuite exposés au soleil ou enterrés dans le sable jusqu’à ce que meurent se dessèchent les petits mollusques et délaissent leur coquille vide.
Le gros de la production était ensuite acheminé par des marins locaux vers le grand centre de distribution, situé au Bengale.

DES ROUTES COMMERCIALES
Il n’y a que très peu d’indications sur le commerce de cauris entre les Maldives et l’Afrique de l’Est, on sait simplement que d’énormes quantités de ces coquillages ont été transportées vers les ports de l’Arabie du Sud. Ces cauris doivent ensuite avoir été réexportés vers l’Afrique via le Sinaï, la mer Rouge et les ports des côtes somaliennes et swahilies.
Le profit tiré du commerce des cauris avait bonne consistance. Ibn Bauuta, qui visita les Maldives à deux reprises, entre 1343 et 1346 (lui-même commerçant avec des cauris) raconte qu’il en vendait contre des dinars d’or. Sept ans plus tard, au Mali, dans l’Afrique de l’Ouest, il observa des cauris similaires, sans doute aussi originaires des Maldives, vendues plus du double : au cours de la traversée continentale réalisée par les caravanes arabes, ces coquillages permettaient d’en tirer une sacrée marge !
À la fin du 15e et début du 16e siècle, la domination arabe de ce fructueux commerce passa aux mains des Portugais et Hollandais, dont les vaisseaux venaient à peine de se tremper dans les mers de l’est-africain.
Tout au long du siècle suivant, jusqu’au début du 17e, les cargaisons des Maldives arrivaient au Bengal d’où les Européens prenaient la suite, jusqu’en Afrique (d’est et d’ouest) où ils détenaient les plus grosses parts de distribution maritime.
À la fin du 17e siècle, les Hollandais étaient la nation la plus impliquée dans ce commerce. Une nouvelle route commerciale amenait les cauris jusqu’à Ceylan qui était sous domination hollandaise entre 1640 à 1658. Les Hollandais échangeaient ensuite les coquillages contre des esclaves de l’ouest africain qu’ils ramenaient au sein de la Mère-Patrie, en Europe.
Un historique de compte hollandais publié anonymement en 1747 informe : « auparavant environ 12 000 cauris auraient permis d’acheter une cargaison de 5 ou 6 nègres [sic], mais ces temps prospères sont révolus ; et les nègres accordent désormais une telle valeur à leurs compatriotes qu’il ne se peut en acquérir pour moins de 14 tonnes de cauris. »
Toutefois, d’autres chiffres apparaissent ailleurs : au début du 19e, il aurait été possible pour les esclavagistes arabes venant de Zanzibar de se procurer une femme de la région de Bouganda pour pas plus de… 2 cauris. Une vache de cette même région valait pourtant 2 500 cauris et à la capitale, une femme valait entre 4 et 5 vaches…
Comme aujourd’hui, les régions ajustaient les prix selon leur degré de pauvreté, mais il ne semble pas qu’il y ait eu un cours unique du cauris, mais plusieurs, et probablement ceux-ci variaient selon l’acheteur et la zone, le type de cauris ou type de marchandise.
Aussi, et très logiquement, plus le lieu d’échange était situé loin de la source de récolte première, ou d’un noeud important de commerce, plus la valeur du coquillage était élevée.
Pourquoi l’Ouest, plus que l’Est ? Probablement, car les côtes de l’est africain bénéficiaient déjà de leur propre type de cauri (non pas le blanc Cypraea moneta, mais le bleu Cypraea annulus) et, car en plus d’être riche en bétail, les terres abondaient en minerai et fer, rendant moins utile l’importation de monnaie d’échange depuis l’extérieure. Au cours du 19e siècle, Zanzibar et d’autres places commerçantes de l’est africain se mirent tout de même à créer leur propre marché de cauris (annulus), mais peut-être un peu tard… Toujours dans l’Est, les petits cauris blancs continuèrent le rôle de monnaie jusqu’en 1921, quand ils furent finalement remplacés par les roupies.

LES AMÉRIQUES DANS TOUT ÇA ?
Pas de cauris à proprement parler, mais des monnaies de coquillage à foison. Au Canada et au nord des États-Unis, les Iroquois et Algonquins utilisaient également des monnaies faites à partir de coquillages similaires aux palourdes.
L’exemple le plus intéressant concerne les Indiens Ojibwée d’Amérique du Nord. Il fut attesté chez ces populations la présence des cauris comme monnaie et comme instrument des cérémonies Midewiwin. Les coquillages sont alors appelés Miigis ou coquillages blancs (Whiteshell). Le parc Whiteshell à Manitoba, au Canada, en zone ojibwée et anishinaabe, fut justement nommé en l’honneur de notre mollusque.
Aujourd’hui il est toutefois absent de la faune du Lac Supérieur, des rivières Winnipeg et de la Whiteshell River, et des environs de la zone. On le trouve seulement (et en petite quantité) bien plus au sud du pays ! Il est donc étrange, au vu des connaissances actuelles sur les voyages et échanges humains, de constater pareil usage si similaire sur ce continent ! Les légendes orales et rouleaux sacrés (les Wiigwaasabak) appuient tant la théorie d’une seule source isolée et endémique aujourd’hui « à sec » (ce serait la rivière éponyme ?), que la théorie d’échanges avec de mystérieux commerçants étrangers…

Sur les côtes sud-ouest des États-Unis, il fut attesté l’usage des cauris par les tribus Cheyenne, Crow, Hopi et Black Foot. Il semble s’agir davantage d’une parure de luxe, que l’on revêt (tissée sur le haut d’une robe), lors d’événements spécifiques. Leur symbolique et usage est similaire à ce qui se faisait alors en Afrique : les cauris étaient perçus comme des biens de grande valeur.
Descendons désormais bien plus au sud, jusqu’en Amérique latine. Au Brésil du fait de la traite négrière les cauris et leur valeur symbolique traversèrent eux aussi l’Atlantique. Désormais porteurs du nom de « búzios » ils étaient utilisés pour consulter les Orishas, divinités vaudous aux origines yoroubas (Bénin) semblables à des saints patrons ou protecteurs.
DIVINATION, RELIGION ET CROYANCES
On ne prie pas avec de la pacotille, une offrande doit vous coûter un peu d’argent, un sacrifice n’a de valeur que s’il vous pèse sentimentalement. Monnaie et croyances religieuses sont donc intimement liées (et c’est sans évoquer la longue tradition chrétienne) et il n’y a donc rien d’étonnant à ce qu’après « devise », vienne le chapitre « divination » dans la grande histoire du mollusque mondial.
Les arts divinatoires d’origines diverses en firent effectivement un élément clef des prédictions.

Citons par exemple la caste des astrologues Kaniyar, dans la région du Kerala, en Inde, mais aussi les premiers prêtres vaudous du Royaume du Dahomey.
Au Népal, les cauris sont utilisés dans les jeux de paris : 16 coquillages sont jetés par 4 parieurs. Ce jeu s’il est joué à la maison, l’est aussi lors du festival hindou « Tihar » (ou « Diwali »). Les cauris sont également perçus par les adorateurs de la déesse Lakshmi, tels autant de petits symboles divins la représentant. Là encore, les rites lui étant liés (en faire l’offrande ou garder un sachet de 11 cauris jaunes) visent à apporter richesse et prospérité.



Valeur monétaire, certes, mais aussi apparence ultra féminine. Peut-être ne vous aura-t-il pas échappé la forme vulvaire du coquillage à la fente centrale, ou bien son dos arrondi qui pourrait renvoyer au ventre d’une femme enceinte… Pour cet aspect, plusieurs croyances africaines le lièrent à la fécondité, à l’exploit sexuel, à la conquête de femmes, ou aux désirs des deux parties.
Mais il est également utilisé afin de convoquer la bonne fortune, ou protéger du mauvais œil, l’ouverture noire sur l’ensemble nacré pouvant évoquer une pupille.
Le pouvoir sacré des coquillages ne fait qu’augmenter leur beauté. Ou bien serait-ce l’inverse ?
Outre l’utilisation ornementale (tressés dans les cheveux, parant une statue, sertissant des bijoux, des tissus, des vanneries ou des meubles), les cauris habillent également les guerriers et les chasseurs, les mariées et les danseurs.
En Casamance (dans la population Diola) ainsi qu’au Sénégal oriental (dans la population Bassari), des costumes étaient confectionnés entièrement ou en partie avec des cauris, puis revêtus par les porteurs de masques afin de procéder aux danses cérémonielles.
Aussi, des objets à caractère magique ou cultuel (cornes, fétiches, etc.) sont sertis de cauris par le guérisseur ou le sorcier afin de conjurer ou invoquer un sort. En Iran, par exemple, furent retrouvées des amulettes destinées à protéger les enfants.
Enfin, ces petits coquillages accompagnent les défunts de beaucoup de sociétés religieuses différentes. Au nord de la Guinée, par exemple, les Lodagaa croient que les morts doivent payer un prix de 20 cauris pour traverser la Rivière de la Mort et atteindre la terre de repos, située plus à l’ouest.
« Lors de mes voyages récents au Burkina Faso, quand j’ai signalé les origines des cauris dans l’océan Indien, les gens m’ont écouté avec attention. Je ne serais pas surpris si un jour, lors d’un voyage import/export à Dubaï ou Hong Kong, l’un des audacieux commerçants d’Afrique de l’Ouest découvrait les Maldives en route, et redémarrait le commerce historique de coquillages. »
— Mahir Şaul, 2004.

Il est également nécessaire de garder en tête que dans la totalité des régions évoquées jusqu’ici, la monnaie quelle qu’elle soit n’avait pas la supraimportance que nous lui accordons actuellement, car beaucoup des possessions rudimentaires, aliments ou services étaient obtenus par le troc : un sac de cacahuètes contre une casserole, une houe contre un beau panier, etc.
Comme le disent les Haoussas :
« Ceux qui sont patients avec un cauri en auront un jour des milliers. »

Sources :
- Mia Sogoba, « Les cauris: valeur monétaire et symbolique », 4 mai 2018. > https://www.culturesofwestafrica.com/fr/les-cauris/
- The wealth of Africa; Money in Africa Money in Africa, The British Museum.
- Jan S. Hogendorn, , A ‘supply‐side’ aspect of the African slave trade: The cowrie production and exports of the Maldives, dans Slavery and Abolition, 1981. (!)
- Şaul, M. (2004). Money in Colonial Transition: Cowries and Francs in West Africa. American Anthropologist, 106(1), 71-84. Récupéré 4 mai, 2018, de University of Illinois.
- Bascom, William (1993). Sixteen Cowries (1980). Indiana, USA: Indiana University Press.
- Iroko, A. F. (1987). Les cauris en Afrique Occidentale du Xe au XXe siècle.
- Page, W. F. & Davis Jr., R. H. (Éds.). (2001). Encyclopedia of African History and Culture, Vol III. New York, USA: Facts on File.
- Van Damme, I. (2007, 11 janvier). Cowrie Shells, a trade currency. Récupéré 4 mai, 2018, de National Bank of Belgium Museum.
- http://www.quaibranly.fr/fr/explorer-les-collections/base/Work/action/show/notice/965474-monnaie-cauris/
- https://www.ancient-origins.net/history-ancient-traditions/shell-money-0011793
- https://www.thevintagenews.com/2018/01/21/cowry-shell-coins/
- https://www.thevintagenews.com/2017/06/03/the-oldest-examples-of-jewelry-was-made-from-sea-shells/?utm_source=penultimate
- https://en.wikipedia.org/wiki/Cowrie
- https://www.jasper52.com/blog/the-origin-of-money-from-cowrie-shells-to-bitcoin/
- https://www.asokans.com/maldives/maldivian-cowrie-trade-history/
- https://cruisingmaldives.blog/2016/04/25/cowrie-shells-a-maldivian-currency/